Avec la taxe incitative, 70 % des foyers collectés par le SYMAT ont changé leurs comportements de tri

La taxe incitative, déployée dans les Hautes-Pyrénées par le SYMAT, démontre une réelle diminution des ordures ménagères non recyclables

Bonne pratique – Ce syndicat de collecte des déchets travaille depuis 2015 au déploiement de la TEOMi, la taxe incitative. Un projet de longue haleine récompensé par une réelle diminution du volume des déchets résiduels. Le SYMAT partage ici son expérience.


La taxe incitative porte bien son nom ! C’est ce que démontre le SYMAT, syndicat mixte de collecte des déchets des Hautes-Pyrénées, après deux années effectives de mise en place de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative, TEOMi. Comprenez que les ménages paient désormais leur TEOM en fonction de l’utilisation de ce service, en particulier de la prise en charge des déchets non recyclables.

 

Le SYMAT 65, territoire Zéro déchet, Zéro Gaspi

Le SYMAT réunit à ce jour 118 communes autour de Tarbes, Lourdes et Bagnères-de-Bigorre, territoire majoritairement rural avec quelques communes à forte fréquentation touristique (cité mariale de Lourdes, Pic du Midi, stations hivernales…). Cela représente 145 000 habitants permanents (chiffres 2021). Le traitement des déchets est assuré par le SMTD 65, syndicat mixte de traitement des déchets.

Très engagé dans une démarche de réduction des déchets, le SYMAT a pour originalité de mixer :

  • une gestion de la collecte en délégation de service - sur ses territoires principalement urbains (Tarbes et Lourdes), délégation confiée à Veolia,
  • et une collecte en régie communautaire, puisqu’il opère avec ses propres personnels et matériels sur les secteurs plus ruraux.

« L’avantage, c’est que nous connaissons le métier aussi bien que Veolia ! Cela nous permet de développer une relation de pair à pair, de partager nos expériences dans une saine émulation ! », commente Sandrine Roux, directrice générale du syndicat au moment du passage en tarification incitative, ayant depuis pris d'autres responsabilités dans une autre collectivité de Bretagne.

Le projet a démarré en 2015, sur un périmètre de 80 000 habitants. « Nous avons travaillé avec Veolia sur les aspects techniques tels que l’équipement des camions de collecte, les bacs à puce, les transmissions informatiques en temps réel... Nous avons aussi réfléchi ensemble aux interactions entre les équipes Veolia et nos services, ainsi qu’avec nos 9 ambassadeurs de tri. »

Après deux années de fonctionnement « à blanc », la mesure réelle des levées de bacs a débuté en 2018, avec une facturation effective des foyers en 2019 (du fait du décalage de la collecte de la taxe foncière). Progressivement déployée sur tout le territoire, la taxe incitative concernait 73 % des habitants du SYMAT fin 2021. En 2023, elle concernera 100 % du territoire. Restent à ce jour (fin 2021) la ville de Lourdes et la Haute-Bigorre à équiper. Ces secteurs touristiques et commerciaux denses font l’objet d’études de localisation de colonnes de points d’apport volontaire

Mettre en place la taxe incitative est un travail de longue haleine ! Même près de trois ans après sa mise en service, il reste beaucoup de choses à régler. Pour cela, nous sommes en échange permanent avec les équipes de Veolia.
Sandrine Roux
directrice générale des services, Syndicat mixte de collecte des déchets de l’agglomération tarbaise - Tarbes, Hautes-Pyrénées de 2008 à 2021

Partageons les premiers résultats et les principaux enseignements du SYMAT en matière de TEOMi.

Moins 20 % de déchets résiduels et moins de tournées avec la taxe incitative

Le volume des déchets ménagers résiduels a diminué de 20% en cinq ans, autrement dit, les foyers et les commerces trient plus et mieux depuis qu’ils sont sensibilisés et facturés à l’utilisation du service de collecte des déchets.

272 kg

Ordures ménagères / habitant /an
en 2015

226 kg

Ordures ménagères / habitant /an
en 2020

Et, puisqu’il y a moins de présentations de bacs, les tournées sont réduites. Les données résultant de la levée des bacs à puce objectivent les constats et facilitent l’ajustement des tournées de collecte. Ainsi, en centre-ville de Tarbes, les fréquences sont passées de 3 à 2 tournées hebdomadaires, et de 2 à 1 hors de l’hypercentre.

 

Pour 45 % des foyers, la taxe d’enlèvement 2019 a baissée

Lors de la mise en place de la TEOMi, le SYMAT a équipé les bacs recevant les déchets ménagers non recyclables d'une puce électronique. C'est elle qui permet l'enregistrement de la présentation du bac.

Le SYMAT a fait évoluer le calcul de la taxe qui comprend une part fixe, établie à la baisse, et une part incitative, calculée sur la base du nombre de levées de bacs. Tout le monde n’a pas été gagnant, en particulier les gros producteurs de déchets qui, établis sur un faible espace foncier bâti, n’ont pas modifié tout de suite leurs habitudes de présentation du bac. Mais pour 45 % des foyers, la facture a diminué en 2019, année de mise en place de la TEOMi. La diminution était de l’ordre de 10 à 15 € pour une taxe annuelle moyenne de 190 €. Un petit exploit quand on sait que les TEOM ont plutôt tendance à augmenter.

« Avec l’augmentation de la TGAP, nous allons revoir nos coûts de collecte », reconnaît l’ex-directrice générale du syndicat, « mais la taxe incitative nous permet d’avoir un discours concret sur l’objectif de réduction des déchets. »

 

On trie plus et mieux en colonnes d’apport volontaire et en zone rurale

Dans les villages ruraux, le SYMAT a choisi d’organiser les apports de déchets (recyclables et résiduels) dans des colonnes équipées d’un dispositif de contrôle d’accès par badge. Sans ce sésame, impossible de déposer ses déchets. Les élus se sont montrés sceptiques sur le passage de quatre points de dépôt en bacs de regroupement par village à un seul point de dépôt équipé de colonnes de tri.

Le SYMAT a mené des actions de sensibilisation, distribué des sacs de pré-tri, proposé des composteurs… Et les habitants, ainsi accompagnés, réagissent très bien et se déplacent sans problème pour déposer leurs déchets. De plus, ils ont très largement réduit leurs déchets résiduels. Résultat : depuis qu’il y a les colonnes, le tri est bon et il y a moins d’encombrants !

Il est à noter que le SYMAT n’a pas, à ce jour, enregistré de réclamation des usagers sur les colonnes de tri qui sont très régulièrement nettoyées. Cela ajoute à l’attractivité de la collecte en colonne qui revient trois fois moins cher qu’en bac.

A l’opposé, les secteurs d’habitat collectif posent des problèmes de tri et de propreté, souvent engendrés par l’absence ou l’exiguïté du local à poubelle. Aussi, le SYMAT se rapproche des bailleurs sociaux pour l’installation de colonnes d’apport volontaire sur ces quartiers.

 

Ces résultats s’obtiennent grâce à une patiente sensibilisation des foyers… et un contrôle quotidien

Dès 2015, le SYMAT recrutait 9 enquêteurs/ambassadeurs de tri pour mener la phase initiale d’enquête qui aura duré dix mois. Ils ont arpenté les communes haut-pyrénéennes pour expliquer la nouvelle tarification incitative, sensibiliser et remettre un guide de tri, proposer des composteurs individuels ou collectifs...

Le SYMAT a conservé dans ses équipes 4 des enquêteurs. Ils assurent désormais les missions de relation avec les habitants mais également la validation et le contrôle quotidien des tournées. En effet, il y a tous les jours des anomalies dont la plus courante reste le bac « blacklisté », c’est-à-dire le bac non enregistré, déclaré volé ou sans puce. Dans ce cas, la levée du bac est bloquée et celui-ci est laissé sur place avec une note explicative. L’imagination de certains habitants pour tenter de contourner le dispositif d’incitation est assez persistante et le traitement de ces anomalies requiert une bonne heure pour vérifier la quinzaine de tournées quotidiennes.

Le SYMAT développe une politique de réduction des déchets très construite et engageante. Il multiplie les invitations à changer de comportements sur les déchets, diffuse les éco-gestes et les pratiques zéro déchet. Cela explique qu’il obtienne effectivement une réelle diminution des déchets sur son territoire.
didier carrère
directeur d'unité opérationnelle des Hautes-Pyrénées, Veolia recyclage & valorisation des déchets

Trois conditions sine qua non pour engager la tarification incitative : l’adhésion totale des élus, des moyens et de la patience !

Quels seraient trois conseils que l'ex-directrice du SYMAT donnerait aux collectivités qui souhaiteraient s’engager dans la tarification incitative ? « Il faut que les élus soient convaincus de la justesse de la démarche. Inutile de se lancer sans leur adhésion », tranche en premier lieu Sandrine Roux. « Ensuite, il ne faut pas chercher à aller trop vite, surtout en secteur urbain. C’est un projet d’un temps long. Le portage auprès des élus, la sensibilisation des habitants, le désamorçage des messages parasites, les innombrables questions techniques et logistiques à régler… Tout cela nécessite de se donner du temps et des moyens. »

L’étape de la TEOMi pratiquement franchie, le dynamique SYMAT entame un nouveau chantier zéro déchet : le tri et la collecte des biodéchets.

  

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